Guerre d’Algérie associée à Liberté
Liberté
L’écho du mot Liberté dans mon adolescence change toute ma vie !
Regardant une excellente émission à propos de la Guerre d’Algérie sur Arte je ne pus faire autrement que me souvenir. Ce documentaire relate comment les tortures étaient normales depuis le début. Comment ils organisaient des villages de regroupement autour des casernes, entourés de fil de fer barbelés, construits par les Algériens eux-mêmes, qui étaient en fait des camp de concentration. Ils y étaient mal nourris, loin de leur champ…… Ils me rappellent les « hameaux » de regroupement qui me scandalisaient au Vietnam, faits par les Américains.
En Août 1963 je partis seule en vacances pour la première fois de ma vie, et choisis le voyage que je voulais. Je gagnais ma vie depuis deux ans. J’avais 21 ans. Je n’y avais pas été autorisé avant (dans ma famille, une jeune fille « bien » ne partait pas en vacances seule ; je n’étais plus une jeune fille bien, et c’est un autre sujet). J’avais choisi de visiter la côte Yougoslave en caïque (bateau qui transportait des marchandises hors saison touristique).
Guerre d’Algérie
L’accompagnateur, qui avait l’air de s’intéresser à moi, me prit un jour à part pour m’expliquer ce qu’il avait fait les années précédentes :
– Je viens de passer une année en Algérie, employé par le Gouvernement algérien, en tant que professeur de sciences physique (chimie, physique). Je me suis proposé juste après l’Indépendance (juillet 62). Ils avaient besoin d’enseignants.
Avant j’avais fait du soutien au FLN (Front de Libération National). C’est à dire que j’avais transporté des fonds qui étaient récoltés auprès des Algériens. C’était les français qui faisaient ce transport, car ils risquaient moins que les Algériens. J’étais dans un réseau qui s’appelait « Jeanson« , du nom de son organisateur. Je l’ai bien connu, surtout pendant le procès. J’ai été en prison 2 mois à la Santé (prison à Paris).
C’était la première fois qu’on me parlait ainsi de cette guerre. Dans ma famille c’était tout juste si on écoutait les informations à la radio. Dans tous les cas, je ne faisais qu’entendre quand on y parlait des attentats. Mais je ne savais pas qui les faisait contre qui. Même pas ça. Comme ce n’était qu’à la fin de la guerre il s’agissait des attentats OAS, j’entendais ce nom, sans en comprendre le sens.
Je ne comprenais pas tout ce qu’il disait. Il m’expliqua.
– L’Algérie a été occupé par la France. Ils se sont battus pour se libérer. Nous les y avons aidés ». Ses explications n’allaient pas plus loin que ça.
Un monde s’ouvrit à moi. Les mots Libération, Liberté, prononcés à plusieurs reprises faisait écho en moi. Je cherchais moi-même ma liberté. Ma liberté d’agir, de penser. Je ne les avais pas dans ma famille. Même pas la liberté de penser. Difficile à faire comprendre. Et pourtant. Je la cherchais cette liberté de penser, en lisant depuis fort longtemps, de tout. Depuis quelques temps Camus. Sartre je commençais à l’aborder par son théâtre, à l’époque. Je rappelle que je n’avais pas le bac, et donc ni philo à l’école.
J’adhérai immédiatement à cette lutte armée d’un peuple pour sa libération. Nous n’avions que très peu, à l’époque, entendu parler de la Résistance. Le refrain d’un peuple de résistants ne faisait que commencer. Quand aux camps, je les connaissais à travers des émissions à la radio que j’écoutais, en cachette, dans mon lit, tard le soir.
Ma vie bascula ce jour-là, en quelques heures. J’étais prête à l’entendre, à le comprendre.
Quelques temps auparavant, des garçons que je fréquentais se passaient des photos qu’ils me cachaient, tout en faisant des commentaires très brefs, à mots couverts, avec des têtes d’enterrement. Je fis le rapprochement avec la guerre d’Algérie bien plus tard. Pourquoi m’ont-ils tout caché ? Je leur en veux encore aujourd’hui. L’un d’eux m’avait emmené voir « Nuits et brouillard », sans aucune parole, ni avant ni après. J’en aurai eu besoin.
Plus tard je connaitrai ceux qui ont déserté. Passés en Suisse, quelques années.
Le même passa quelque temps à Laborde (chez Oury près d’Orléans) qui lui permit de se faire réformer en tant que « fou ». D’autres plus tard firent leur service, et se firent repérer parce qu’ils avaient appartenu au PSU (Parti Socialiste Unifié), qui fut le seul parti à « promouvoir » la désertion.
Oui aucun autre partis de gauche français n’y incita, même pas le PCF qui disait que c’était pour faire passer les « bonnes idées » dans le peuple algérien. Ils eurent honte. OK. Mais tous ceux qui, ont ce genre de pratique, encore aujourd’hui dans d’autres situations (ex : pendant et depuis le référendum) font le jeu de bien d’autres politiques………………
Les humains restent les mêmes.
Sale époque . OAS . . etc …je m’en souviens aussitiens je te renvoie là ! la honte !https://17octobre1961.free.fr/index.htm
j’en ai eu connaissance bien plus tard